Réflexion

La parabole du semeur est un passage d’Évangile qui revient souvent dans la liturgie catholique. Contrairement aux autres paraboles, ces versets comportent quelque chose de très particulier puisqu’ils contiennent à la fois la parabole et son exégèse officielle. C’est un peu singulier de trouver cela dans les Évangiles. Chaque image de la parabole pourrait mériter une méditation propre, mais c’est la démarche du Christ qui va particulièrement nous intéresser.
Les apôtres ne s’y trompent pas et demandent clairement : « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? » Cette question est plus que justifiée. Nous avons en effet le plus grand expert en théologie qui, plutôt que de nous laisser les meilleurs traités sur Dieu et les réponses à tous les mystères de tous les temps, nous parle simplement d’un petit paysan qui va semer des graines dans son champ.

Cette attitude du Christ doit nous laisser interrogateurs et la réponse du Seigneur n’est pas forcément convaincante : « Si je leur parle en paraboles, c’est parce qu’ils regardent sans regarder, et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre. » Le Seigneur se moquerait-il de nous et de notre faible capacité intellectuelle ?
Au verset 15, le Seigneur insiste : « Le cœur de ce peuple s’est alourdi : ils sont devenus durs d’oreille, ils se sont bouché les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent, – et moi, je les guérirai. » Ce qu’il faut noter avant tout c’est que, pour voir, le Seigneur parle de nos yeux, pour entendre, de nos oreilles, et pour comprendre curieusement c’est notre cœur l’organe désigné. Ce n’est pas surprenant puisqu’au temps de Jésus le cœur est considéré comme le lieu où réside l’âme et donc toute la partie immatérielle de l’homme, son esprit et donc aussi son intellect.

Mais alors de quelle compréhension parlons-nous ? Pour nous, au XXIe siècle, la compréhension se limite très vite à un exercice intellectuel qui doit être fourni par le cerveau pour pouvoir comprendre la logique interne d’un raisonnement. Ce n’est pas vraiment ce qu’entend le terme biblique. Nous sommes plutôt face à une découverte profonde d’une nouvelle réalité qui est plus une expérience de toute la personne, ses sens, son instinct et aussi son intellect. C’est cette connaissance avec le cœur qui n’est pas un raisonnement mathématique froid, mais une conviction profonde qui ne s’explique peut-être pas facilement mais qui est profondément ancrée.

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